ANSELME-MOIZAN Marie | ENVT |
BEORCHIA Camille | ENVT |
BERTRAND Magalie | ENVT |
BLONDEL Antoine | ENVT |
BOURGEOIS Marion | Montpellier SupAgro |
BRACQUART Céline | ENVT |
CARLAC Thomas | ENVT |
CARME Lucie | ENVT |
CARNEJAC Alexandre | géomètre Le Mans |
CARTIAUX Benjamin | ENVT |
CASENAVE Pauline | ENVT |
CAZAUBON Julie | ENSIL |
DA SILVA DIAS Françoise | ENITAB |
DEBETENCOURT Benjamin | Grignon |
DELMAS Bertrand | ESIL Marseille |
DELPUECH Amandine | ENV Alfort |
FLORET Charlotte | Montpellier Supagro |
GALIERE Margot | Prépa concours |
GERVAIS Chloé | ENVT |
GIRAULT Ciska | ENVT |
HARLE Chloé | ENVT |
HUBER Audrey | ENVT |
HURON Jessica | ENSAT |
JEANGEORGES Olympe | Véto Iles Canaries |
LEFEBVRE Anne-Cécile | ENVT |
LEVOINTURIER-VAJDA Cloé | Montpellier SupAgro |
LIEHR Flavie | ENVT |
LUGAN Pierre | ENSAIA Nancy |
MASSOL Jason | ENSAT |
MONTEIL Lou | Grignon |
NGUYEN Sylvia | Cognitique Bdx |
ORBELL Claire | Montpellier |
PARIS Julie | Grignon |
PAYRE Valérie | ENS Paris |
POLI Aurore | ENVT |
PUEL Guillaume | ENV |
PUJOL Raymond | ENVT |
SAUVIAT Agathe | Oniris nantes |
SIMONET Justine | ENVT |
SPIGA Laura | Oniris Nantes |
SUFT Gabrielle | ENVT |
TALAZAC Manon | ENGEES |
TOULET Laura | AgroParisTech |
VIVES Mélodie | ENSHAP |
Chaque sortie sur le terrain
a été pour moi l’occasion de créer un livre photo, édité chez photoservice.
En cliquant sur la photo, vous pourrez accéder à ce livre
Ce matin-là, il faisait beau.
Sans doute avait-il plu pendant la nuit ou aux petites heures de la matinée, car dans la cour on apercevait ça et là quelques flaques qui ne devaient rien à la rosée printanière.
On aurait été bien en peine d'ailleurs de trouver des traces de rosée dans cette cour, goudronnée sur toute son étendue. Seule entorse – notable – à sa minéralité, le pourtour de cette cour était ponctué de platanes.
Des platanes de belle taille, puisqu'il fallait grimper au deuxième étage des bâtiments du lycée pour en dominer la canopée ; et deux étages de ce vieux collège jésuite, devenu lycée sous Napoléon, équivalaient bien à quatre étages de nos immeubles modernes.
Les formes rondes que l'on pouvait apercevoir dans ces platanes n'étaient pas des nids : aucun oiseau ne cherchait abri dans cette cour au brouhaha permanent ; non, il s'agissait de ballons qui s'étaient coincés dans les branches à l'occasion des matchs de foot enfiévrés qui avaient lieu périodiquement au cœur du lycée. Pour le promeneur qui serait égaré dans cette cour, l'enjeu de ces matchs aurait été difficile à appréhender, étant donnée la ferveur quasi guerrière qui animait parfois les supporters des 2 camps.
Ce matin-là, à 10h, aucun match n'animait la cour, que le professeur traversa au milieu d'élèves attendant les cours de fin de matinée.
Pénétrant dans le grand hall, il grimpa d’un pas vif l’escalier. Diverses pensées l’agitaient avant d’aller assurer son cours, car celui-ci serait le dernier de l’année.
Il aurait bien l’occasion de revoir l’un ou l’autre de ses étudiants dans diverses circonstances, mais il savait qu’à partir d’aujourd’hui la classe allait peu à peu se dissoudre dans un avenir où il n’aurait plus sa place.
Constat teinté de nostalgie ? Peut-être, mais surtout assorti de la question : et l'an prochain ?
Depuis 25 ans qu'il enseignait dans ces classes, classes préparatoires scientifiques à orientation biologique, il avait peu à peu construit avec ses étudiants une relation particulière qu'il n'aurait pas su définir – qu'il ne voulait surtout pas définir – mais qui faisait qu'il allait faire cours avec un plaisir jamais démenti.
Cette relation pourrait-elle se reconstruire année après année ? résisterait-elle à l'usure insidieuse du temps et notre professeur ne finirait-il pas dans l'attitude désabusée de plusieurs de ses proches collègues qui, partant à la retraite, proclamaient à l'envi que « les élèves décidément ne savent plus rien, il est grand temps que je me retire de ce système qui prend l'eau de toutes parts » ?
Tout à ses réflexions, il pénétra dans la salle où l’attendaient ses étudiants.
Après avoir fermé la porte, il commença à aborder le sujet du jour, qui traitait d'algorithmique.
C'est alors que l'on frappa vigoureusement à la porte. Il faut savoir que ce professeur n'aimait guère que l'on se présentât en retard à son cours ; même s'il avait décidé d'assouplir sa position en fin d'année, il y avait dans le « oui ? » qu'il lança pour répondre aux coups frappés un soupçon d'irritation.
Irritation qui fit place à la stupéfaction lorsque au lieu de voir la porte d'entrée s'ouvrir, comme il s'y attendait, c'est du placard que surgit une de ses étudiantes, hilare.
Peut-on considérer une étudiante sortant du placard comme en retard au cours ?
Il n'eut pas le temps de réfléchir à cette question qu'une autre interrogation, nettement plus perturbante, se faufila dans son esprit :
Comment serait perçue la situation, si, d'aventure, il en venait à sanctionner cette jeune fille ?
En un éclair, il imagina les gros titres de la presse du lendemain
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Lycée Fermat : la jeune fille au placard
Après l'affaire DSK, voici une histoire beaucoup plus sordide qui s'est déroulée à 2 pas de chez nous.
Hier matin, une jeune fille, étudiante au lycée Pierre de Fermat, est sortie du placard où il semble bien qu'elle ait séjourné toute l'année.
Le professeur – dont nous tairons le nom par respect de la présomption d'innocence – en charge de la classe au moment des faits, loin de s'émouvoir de la situation et de s'enquérir de l'état de santé de ladite jeune fille, l'a vertement admonestée en la priant d'aller chercher auprès de l'administration une autorisation d'entrée dans la classe ; classe qu'elle n'avait en réalité pas quittée depuis plus de 6 mois.
Cette jeune fille a fort heureusement réussi à s'enfuir de l'impasse des Jacobins au fond de laquelle se trouve le lycée, et à alerter les passants.
On ne nous a pas laissé la voir, mais on imagine aisément dans quel état physique et moral elle devait se trouver après avoir subi une telle privation.
L'a-t-on séquestrée de force ? Avait-elle fait du placard son refuge pour fuir l'enfer de la classe prépa ?
A ces questions, il est trop tôt pour apporter une réponse.
On ne peut toutefois pas s'empêcher de penser que l'univers des classes préparatoires n'a guère évolué dans ses mentalités quasi moyenâgeuses.
La douloureuse expérience dont le prestigieux établissement toulousain vient d'être le peu glorieux théâtre est là pour nous le rappeler.
Ayant pris la mesure de la situation en une fraction de seconde, le professeur préféra esquisser un sourire à l'attention de la jeune fille, la laissa s'installer à une table et reprit le fil de son exposé.
La séance se déroula sans autre anicroche.
Consultant sa montre qui annonçait la fin imminente du cours, le professeur, qui avait senti chez ses étudiants une légère tension dans la perspective de l'oral du concours auquel ils seraient prochainement confrontés, choisit de conclure son discours par une question toute simple.
Afin de remettre ses étudiants en confiance, il lança, à la manière d'une boutade : « combien font 1+1 ? »
Cette question retomba dans un silence de plomb. Elle resta sans réponse, jusqu'à ce que retentît la sonnerie – une vraie sonnerie d'aéroport – qui marquait la fin du cours et rompait enfin la gêne qui s'était installée.
Ses étudiants se précipitèrent au dehors pour pousser leur fameux cri de ralliement.
Décidément, il ne s'y ferait jamais.
Un peu dépité, il quitta sa classe, non sans vérifier qu'il ne restait personne dans le placard.
Rentré chez lui, voulant rattraper la portée désastreuse de sa dernière question auprès du moral de ses étudiants, il entreprit de rédiger la correction de quelques exercices d'informatique : il s'attaqua tour à tour à la planche à clous, à la loi binomiale et aux nombres premiers jumeaux.
Une fois terminée cette rédaction, il se demanda comment présenter cette correction aux étudiants, lui qui avait déclaré ne pas souhaiter en rédiger pour ces annales ? Il s'agissait d'éviter autant que possible de rappeler le fiasco qui avait marqué la fin du cours…
Bah ! se dit-il, après tout il n'y a pas là de quoi faire toute une histoire ; il s'assit devant son clavier et commença à taper les premiers mots qui lui vinrent à l'esprit :
« Ce matin-là, il faisait beau…